Hogwarts Legacy : les raisons du boycott du jeu Harry Potter
Le monde magique d’Harry Potter se retrouve une nouvelle fois au cœur d’une tempête médiatique. Cette fois-ci, c’est le jeu vidéo très attendu Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard qui fait l’objet d’une vive polémique. Malgré son énorme succès commercial, le titre est visé par des appels au boycott de la part de certains fans. Plongeons au cœur de cette controverse pour comprendre les enjeux et les différents points de vue.
Table des matières
Les origines de la polémique
Pour saisir les raisons de ce boycott, il faut remonter à la source du problème : les propos controversés tenus par J.K. Rowling, la créatrice de l’univers Harry Potter, sur les questions de genre et d’identité.
Les déclarations polémiques de J.K. Rowling
Tout a commencé le 6 juin 2020, lorsque l’autrice britannique a partagé sur Twitter un article mentionnant les « personnes qui ont leurs règles ». Elle a alors tourné en dérision cette formulation, estimant qu’il suffisait de parler de « femmes ». Cette intervention a immédiatement suscité l’indignation de nombreux internautes, notamment au sein de la communauté LGBT+.
Les militants ont rappelé que certains hommes transgenres peuvent avoir leurs règles, et que la formulation inclusive utilisée dans l’article visait justement à prendre en compte cette réalité. Loin de s’excuser, J.K. Rowling a persisté dans ses positions, publiant par la suite une série de tweets et un long essai sur son site personnel pour défendre son point de vue.
L’opposition à la loi écossaise sur la transition de genre
La polémique a pris une nouvelle ampleur en mars 2022, lorsque J.K. Rowling s’est ouvertement opposée à un projet de loi écossais visant à faciliter les parcours de transition de genre. L’autrice a exprimé ses craintes quant aux potentielles conséquences de cette loi sur la sécurité des femmes, s’attirant une fois de plus les foudres des militants pour les droits des personnes transgenres.
Les répercussions sur l’univers Harry Potter
Les prises de position de J.K. Rowling ont eu des conséquences importantes sur la perception de l’univers Harry Potter et sur les productions qui en découlent.
La distanciation des acteurs de la saga
Face à la controverse, plusieurs acteurs emblématiques de la saga cinématographique Harry Potter ont pris publiquement leurs distances avec l’autrice :
- Daniel Radcliffe, l’interprète d’Harry Potter, a publié une lettre ouverte affirmant que « les femmes transgenres sont des femmes »
- Emma Watson, qui incarne Hermione Granger, a exprimé son soutien à la communauté trans sur les réseaux sociaux
- Rupert Grint, l’interprète de Ron Weasley, a déclaré ne pas être d’accord avec les propos de J.K. Rowling
Le changement de nom du quidditch
Le quidditch, sport emblématique de l’univers Harry Potter adapté dans la vie réelle, a lui aussi été impacté par la polémique. En juillet 2022, les ligues américaines ont annoncé que le sport serait désormais appelé « quadball ». Cette décision visait à se distancier de J.K. Rowling et à affirmer les valeurs inclusives de ce sport.
Le débaptême d’une école anglaise
Une école primaire anglaise portant le nom de J.K. Rowling a décidé de changer de nom en 2022, suite aux controverses liées à l’autrice. Ce geste symbolique illustre l’ampleur de la polémique et son impact sur l’image publique de la créatrice d’Harry Potter.
Hogwarts Legacy : un jeu au cœur de la tourmente
C’est dans ce contexte tendu qu’arrive Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard, un jeu vidéo très attendu par les fans de l’univers magique.
Un projet ambitieux
Développé par Avalanche Software et édité par Warner Bros. Games, Hogwarts Legacy se présente comme un jeu de rôle en monde ouvert se déroulant dans l’univers d’Harry Potter. L’action se situe au 19e siècle, bien avant les événements de la saga originale, offrant ainsi une nouvelle perspective sur le monde des sorciers.
Les joueurs incarnent un élève de cinquième année à Poudlard, personnalisable à souhait, qui va vivre de nombreuses aventures au sein de l’école de sorcellerie et dans ses environs. Le jeu promet une immersion totale dans l’univers magique, avec la possibilité d’assister à des cours, d’apprendre des sorts, d’explorer des lieux emblématiques et de faire des choix qui influenceront le déroulement de l’histoire.
La position des développeurs
Face à la controverse liée à J.K. Rowling, les équipes d’Avalanche Software se sont retrouvées dans une position délicate. D’un côté, elles travaillent sur un univers créé par l’autrice, mais de l’autre, elles souhaitent affirmer leurs propres valeurs d’inclusivité.
Dans une interview accordée à IGN, les développeurs ont expliqué avoir tenté de « créer un jeu qui soit représentatif du monde riche et diversifié de Harry Potter, ainsi que des groupes de personnes qui jouent à des jeux ». Cette volonté s’est notamment traduite par l’introduction du premier personnage transgenre de la saga Harry Potter : Sirona Ryan, une tenancière de bar que le joueur rencontre au début de l’aventure.
La non-implication de J.K. Rowling
Pour tenter d’apaiser les tensions, Warner Bros. Games a tenu à préciser que J.K. Rowling n’était pas directement impliquée dans la création du jeu. Sur le site officiel d’Hogwarts Legacy, on peut lire : « J.K. Rowling n’est pas impliquée dans la création du jeu vidéo ». Toutefois, il est également mentionné que « son extraordinaire corpus est à la base de tous les projets du Wizarding World ».
Cette situation illustre toute la complexité du débat : même si l’autrice n’a pas participé au développement du jeu, elle bénéficiera inévitablement des retombées financières liées à l’exploitation de sa propriété intellectuelle.
Les arguments en faveur du boycott
Les appels au boycott d’Hogwarts Legacy se sont multipliés sur les réseaux sociaux et dans certains médias spécialisés. Voici les principaux arguments avancés par ceux qui soutiennent cette démarche :
Le soutien financier indirect à J.K. Rowling
L’un des arguments les plus fréquemment mis en avant est que l’achat du jeu revient indirectement à financer J.K. Rowling. En effet, en tant que détentrice des droits sur l’univers Harry Potter, l’autrice touchera des royalties sur chaque exemplaire vendu. Pour les partisans du boycott, acheter le jeu équivaut donc à cautionner ses propos jugés transphobes.
Certains militants estiment que les consommateurs ont une responsabilité dans les messages qu’ils choisissent de soutenir à travers leurs achats. Ils considèrent que boycotter Hogwarts Legacy est un moyen de signifier leur désaccord avec les positions de J.K. Rowling et d’exercer une pression économique pour favoriser le changement.
La protection des personnes transgenres
Pour de nombreux défenseurs des droits LGBT+, le boycott est vu comme un geste de solidarité envers la communauté transgenre. Ils estiment que les propos de J.K. Rowling contribuent à alimenter la transphobie et peuvent avoir des conséquences néfastes sur la vie des personnes concernées.
La remise en question de l’univers Harry Potter
Certains fans déçus par les prises de position de l’autrice choisissent de se détacher complètement de l’univers Harry Potter. Pour eux, boycotter le jeu est une manière de tourner la page et de ne plus cautionner un monde créé par quelqu’un dont ils ne partagent pas les valeurs.
Les arguments contre le boycott
Face aux appels au boycott, d’autres voix se sont élevées pour défendre le droit de jouer à Hogwarts Legacy. Voici les principaux arguments avancés :
La séparation de l’œuvre et de l’artiste
De nombreux fans estiment qu’il est possible d’apprécier l’univers Harry Potter tout en désapprouvant les opinions personnelles de son autrice. Ils défendent l’idée que l’œuvre a acquis une existence propre, au-delà de sa créatrice, et qu’elle peut continuer à avoir une influence positive sur ses lecteurs et spectateurs.
Le soutien aux développeurs
Les opposants au boycott soulignent que le jeu est le fruit du travail de nombreux développeurs, artistes et techniciens qui n’ont rien à voir avec les propos de J.K. Rowling. Boycotter le jeu reviendrait selon eux à pénaliser injustement ces professionnels pour des opinions qu’ils ne partagent pas nécessairement.
L’impact limité du boycott
Certains argumentent que le boycott n’aura qu’un impact limité sur J.K. Rowling, étant donné sa fortune considérable. Ils estiment que d’autres formes d’action, comme le soutien direct aux associations LGBT+, pourraient être plus efficaces pour faire avancer la cause des personnes transgenres.
La valeur positive de l’univers Harry Potter
De nombreux fans continuent de voir dans l’univers Harry Potter des valeurs positives d’amitié, de courage et de lutte contre l’intolérance. Ils considèrent que ces messages restent valables et importants, indépendamment des opinions personnelles de l’autrice.
L’impact de la controverse sur le succès du jeu
Malgré les appels au boycott, Hogwarts Legacy semble parti pour être un immense succès commercial. Voici quelques indicateurs qui le démontrent :
Un record sur Twitch
Le 7 février 2023, soit quelques jours avant sa sortie officielle, Hogwarts Legacy a battu un record sur la plateforme de streaming Twitch. Plus de 1,25 million de spectateurs étaient réunis simultanément pour observer le jeu en direct, faisant de lui le jeu vidéo solo le plus regardé de l’histoire de la plateforme.
Des précommandes massives
Le jeu s’est rapidement hissé en tête des précommandes sur de nombreuses plateformes, dont Amazon et Steam. Cette performance laisse présager des ventes importantes dès les premiers jours de sa commercialisation.
Des critiques globalement positives
Les premiers tests de la presse spécialisée sont majoritairement positifs, saluant l’immersion dans l’univers d’Harry Potter et la richesse du contenu proposé. Ces retours enthousiastes pourraient contribuer à convaincre les joueurs indécis.
Plateforme | Note moyenne | Nombre de critiques |
---|---|---|
Metacritic | 84/100 | 71 |
OpenCritic | 85/100 | 102 |
Les réactions de l’industrie du jeu vidéo
La controverse autour d’Hogwarts Legacy a suscité diverses réactions au sein de l’industrie du jeu vidéo.
Le positionnement des médias spécialisés
Certains sites et magazines spécialisés dans le jeu vidéo ont choisi de prendre position face à la polémique :
- Le site français Gamekult a annoncé qu’il ne testerait pas le jeu, refusant de « donner un écho à une marque dont le poids économique et médiatique profite à une femme érigée en figure de proue d’un mouvement de haine ».
- D’autres médias ont choisi de traiter le sujet tout en contextualisant la controverse dans leurs articles et tests.
La position des plateformes de distribution
Les principales plateformes de distribution de jeux vidéo (Steam, PlayStation Store, Microsoft Store) n’ont pas pris position officiellement sur la controverse. Le jeu est resté disponible en précommande et à l’achat sur ces plateformes.
Les réactions des autres studios
La plupart des studios de développement et éditeurs de jeux vidéo se sont abstenus de commenter directement la polémique autour d’Hogwarts Legacy. Cependant, certains ont profité de l’occasion pour réaffirmer leur engagement en faveur de la diversité et de l’inclusion dans leurs propres productions.
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