L’arrêt sur image d’une Amérique au bord de la crise de nerfs, sous l’œil acéré d’Ari Aster : voilà ce que propose la revue d’Eddington, dernier ovni du cinéma à secouer la sphère geek et cinéphile. À l’heure où beaucoup souhaiteraient effacer le souvenir traumatisant de la pandémie, Ari Aster n’hésite pas à plonger dans les décombres de 2020 pour raconter l’effondrement américain. Entre satire politique et farce sombre, ce film bouscule la narration classique et livre une réflexion sociale cinglante, qui laisse le spectateur groggy… mais fasciné. Dans ce tour de force où l’humour grinçant se mélange à l’angoisse collective, la critique cinématographique se régale des failles et excès d’une société à la dérive. Faut-il s’en réjouir ou au contraire s’en inquiéter ? Tour d’horizon d’une œuvre aussi ambitieuse que dérangeante, mâtinée d’allusions pop et de références geek délectables.
Table des matières
Ari Aster et la revue d’Eddington : plongée au cœur du chaos américain
Difficile d’ignorer la patte inimitable d’Ari Aster, chef d’orchestre loufoque d’un opéra social apocalyptique, bien décidé à secouer les codes du cinéma contemporain. Avec la revue d’Eddington, fini les films d’horreur à la Hereditary ! Ici, la narration se veut plus vaste, capturant l’essence trouble du malaise américain post-pandémie.

Les ingrédients de l’effondrement américain version Aster :
- 🦠 Un shérif asthmatique (Joaquin Phoenix) malmené entre masque et autorité
- ✊🏻 Des protestations sociales et tensions raciales en plein centre-ville
- 👩💻 L’ombre tentaculaire des théories du complot et du QAnon
- 🤠 Des figures décalées façon Western moderne, plus proches de Mario Kart que de Clint Eastwood
- 🍲 Un grand banquet de méfiance et de divisions, aussi épicé qu’un épisode de Black Mirror
On comprend vite qu’il n’est pas question ici de traquer une entité démoniaque, mais bien de sonder les faiblesses d’une société rongée par la défiance et l’absurdité. Une œuvre qui fait trembler les repères, entre farce cauchemardesque et miroir sans pitié de notre époque.
Là où beaucoup de films se contenteraient d’aligner des figures caricaturales, Ari Aster affectionne le flou et l’ambiguïté. L’opposition entre le shérif Joe Cross (Phoenix) et le maire Ted Garcia (Pedro Pascal) incarne un pays fracturé, où chaque camp campe sur ses certitudes. La moindre sortie au supermarché devient une scène de survie, théâtre d’humiliations et de non-dits – avec en toile de fond le bruit persistant des réseaux sociaux.
- 🎭 Des personnages tiraillés entre compassion et violence
- 📜 Dialogue serré, plein de fausses évidences et de microagressions façon Call of Duty
- 🤯 Dénonciation d’une culture du clash permanent où les protagonistes s’épient mutuellement
Impossible de ne pas esquisser un parallèle avec les jeux vidéo qui poussent à l’extrême les choix moraux : ici, ce sont les microdécisions du quotidien qui dérapent, faisant de chaque dialogue une ligne de front. D’ailleurs, d’autres univers explorant l’effondrement sociétal méritent le détour, comme “8 ans plus tard” de Boyle et Garland ou encore les dystopies vidéoludiques sélectionnées dans ce top Geekorama.
Sous le vernis : analyse technique et critique cinématographique d’Eddington
Ce n’est pas tous les jours qu’un film balance autant de grains de sable dans la mécanique hollywoodienne. La revue d’Eddington adopte une structure qui déroute, alternant moments d’intense inconfort et éclats d’humour noir. En termes de critique cinématographique, la démarche frôle pourtant le vertige.
- 🧩 Rythme décousu, flirtant avec le chaos à la manière de certaines œuvres inclassables (coucou “Beau Is Afraid” et ses séquences hallucinées 👻)
- 🎬 Direction d’acteur contrastée, où Phoenix multiplie les tics comme Mario change de kart dans le dernier opus mythique
- 👀 Plans-séquences hypnotiques inspirés des codes A24 pour installer le malaise et dépeindre une Amérique fissurée
- 💔 Score musical discret mais glaçant, rappelant les thèmes sombres de certains films d’horreur cultes
Cette audace formelle, bien qu’impressionnante sur le papier, peine parfois à canaliser la richesse des thèmes abordés. Difficile de s’identifier pleinement à ce shérif errant, davantage puzzle humain que personnage incarné, à l’inverse d’un Joaquin Phoenix habité par ses rôles dans “Napoleon” ou “Joker”.
Quand la mise en scène s’emballe et titille les frontières du réalisme
Le piège de la surenchère guette : dans sa volonté de tout dire sur l’effondrement américain, Aster ne choisit jamais, jonglant entre les points de vue et les pistes narratives comme un joueur perdu dans l’arbre de compétences de Elden Ring.
- 🔥 Multiplication des sous-intrigues, au risque de diluer la charge émotionnelle
- 🪞 Effet Kafka, où tout semble aussi absurde qu’un épisode de Kaos (infos exclusives ici)
- 🤡 Virage vers la farce, notamment lors de la descente aux enfers de la femme du shérif, happée par des thèses complotistes dignes d’une partie intense sur Discord
En conséquence, le film se mue en immense puzzle, fascinant mais frustrant, où l’on finit par perdre de vue l’essentiel : la quête de sens, la cicatrice sociale à vif. Comme dans “Le Monde Après Nous 2”, la réalité côtoie parfois un surréalisme aussi captivant que déstabilisant.
L’univers geek est habilement invoqué : ici un clin d’œil au Western rétro, là une ambiance de survival à la sauce Last of Us, et partout des références à la culture du clash numérique. Mais sous le vernis pop, Eddington aborde surtout une réflexion sociale sur l’Amérique divisée, ses peurs, ses petits arrangements avec la vérité… et ses obsessions paranoïaques.
- 🍿 Décryptage des grands mythes fondateurs et de la désinformation (QAnon, “fake news”, etc.)
- 🔎 Relecture du rapport à l’autorité : shérif, maire, agents dévoyés à la Breaking Bad
- 🎮 Hommage discret à la culture gaming : isolement, choix moraux, montée en tension
- 📣 Invitation à questionner la part de responsabilité individuelle face à l’effondrement collectif
Le film s’adresse d’abord à ceux qui cherchent à comprendre les failles de notre époque, tout en offrant des clins d’œil jouissifs à la communauté geek. Un public séduit par les grands récits dystopiques, habitué à jongler entre critique sociale et évasion pop – comme on le retrouve dans Battlefield Cartoon ou encore la saga du Trône de Fer.
L’amertume d’une fresque amère et la quête du prochain chef-d’œuvre
En quitte-t-on la salle la tête pleine d’idées, ou simplement lessivé ? Ari Aster signe un film qui divise, rappelle les traumatismes collectifs, mais peine parfois à transcender sa propre mélancolie. À trop vouloir embrasser l’intégralité de la culture et des paradoxes américains, la revue d’Eddington s’éparpille et laisse un goût étrange – à la fois addictif et amer, un peu comme une session marathon sur Fable 4 non conclue.
- 😬 Sentiment d’inachèvement renforcé par la performance déstabilisante de Phoenix
- 🔄 Incapacité à enregistrer tous les codes sans se perdre en route
- 🏆 Pourtant, un objet cinématographique unique, qui secoue la routine des sorties A24
En somme, la revue d’Eddington s’impose comme une expérience ciné-gaming à ne vraiment pas manquer pour ceux qui aiment scruter le vertige de la modernité et cultiver leur regard critique – qu’on cherche le frisson, la réflexion, ou juste une bonne dose de chaos maîtrisé.
FAQ : tout savoir sur la revue d’Eddington et Ari Aster
- 🧐 Pourquoi Ari Aster s’éloigne-t-il des films d’horreur purs avec Eddington ?
Il choisit ici la satire sociale et politique pour explorer l’effondrement américain, renouant malgré tout avec ses thèmes fétiches d’angoisse collective et de dissonance sociale. - 🎬 Quels autres films abordent l’effondrement de la société américaine ?
Des œuvres comme “8 ans plus tard” ou des classiques dystopiques tels que Matrix ou Black Mirror s’inscrivent dans cette veine de réflexion sociale et critique. - 🤓 La culture geek influe-t-elle sur la narration du film ?
Absolument : clin d’œil au gaming, ambiance survival, gestion des choix moraux et multitude de références à l’univers pop et internet y sont disséminés. - 📝 Le film est-il accessible pour un public non initié à la crise US de 2020 ?
Ça pique parfois, mais ses thématiques universelles sur la société, la manipulation et la désinformation restent compréhensibles pour un public large. - 🌟 Où retrouver plus d’analyses et actualités sur la pop culture ciné ?
Direction les chroniques Geekorama pour une immersion totale dans les mondes alternatifs de la fiction !