Corsaire au service de la couronne britannique devenu pirate par des circonstances controversées, William Kidd reste l’une des figures maritimes les plus fascinantes de l’histoire. Né en Écosse en 1645 et exécuté à Londres en 1701, sa légende a traversé les siècles, inspirant d’innombrables œuvres culturelles — dont le personnage d’Eustass Kidd dans le célèbre manga One Piece. Entre trahisons politiques, trésors perdus et mystères non résolus, son parcours tumultueux continue d’alimenter l’imaginaire collectif. Plongée dans l’histoire vraie d’un homme dont la vie fut aussi extraordinaire que sa légende posthume.
Table des matières
Les origines et la jeunesse du légendaire capitaine William Kidd
Né le 22 janvier 1645 à Greenock en Écosse, William Kidd est loin d’être prédisposé à devenir l’un des pirates les plus célèbres de l’histoire. Fils d’un marin, il grandit dans un environnement modeste qui forge rapidement son caractère et sa fascination pour la mer. Sa jeunesse reste relativement peu documentée, laissant place à diverses interprétations historiques qui contribuent déjà à façonner sa légende.
Dès son plus jeune âge, Kidd manifeste un attrait pour l’aventure maritime. Cette passion le pousse à s’embarquer sur différents navires où il apprend les rudiments de la navigation et développe une connaissance approfondie des courants et des routes commerciales. Ces compétences s’avéreront précieuses pour sa future carrière, qu’elle soit légale ou non.
Dans les années 1680, William Kidd prend une décision qui changera radicalement le cours de sa vie : il émigre vers le Nouveau Monde pour s’installer à New York. À cette époque, la ville représente une opportunité économique majeure pour quiconque possède des compétences maritimes. Cette période marque un tournant important car elle lui permet de s’établir comme un marchand respectable avant sa descente vers la piraterie.
À New York, Kidd parvient à s’intégrer à la société coloniale en épousant Sarah Bradley Cox Oort, une veuve fortunée. Ce mariage stratégique lui apporte non seulement une propriété considérable mais aussi deux filles, Elizabeth et Sarah. Cette union lui permet d’acquérir un statut social respectable et des connexions avec l’élite new-yorkaise de l’époque.
- Né dans une famille de marins écossais
- Formation maritime autodidacte dans sa jeunesse
- Installation à New York vers 1680
- Mariage avantageux avec Sarah Bradley Cox Oort
- Établissement comme marchand respectable avant de devenir pirate
Son intégration à la société new-yorkaise lui permet d’acquérir son premier navire, l’Antigua. Ce bâtiment devient la base de ses activités commerciales légitimes. Durant cette période, Kidd se construit une réputation de marchand honnête et de navigateur compétent. Rien ne laisse présager qu’il deviendra l’un des pirates les plus notoires de l’histoire maritime.
Période | Événement clé | Impact sur la vie de Kidd |
---|---|---|
1645 | Naissance à Greenock, Écosse | Origines modestes dans une ville portuaire |
1680-1690 | Émigration vers New York | Établissement comme marchand respectable |
Vers 1690 | Mariage avec Sarah Bradley Cox Oort | Acquisition d’un statut social et d’une fortune |
Avant 1695 | Acquisition de l’Antigua | Développement d’activités commerciales légitimes |
La transformation de William Kidd de marchand respectable en pirate redouté ne s’est pas faite du jour au lendemain. Elle résulte d’une série d’événements et de choix qui ont progressivement infléchi sa trajectoire. Cette complexité de son parcours est d’ailleurs un élément qui a inspiré de nombreux créateurs, dont Eiichiro Oda pour son personnage d’Eustass Kidd dans One Piece, également caractérisé par une personnalité ambivalente.
Les historiens s’accordent aujourd’hui à dire que la jeunesse de Kidd a forgé sa capacité d’adaptation et son opportunisme, traits de caractère qui marqueront toute sa carrière. Contrairement à d’autres pirates célèbres qui ont embrassé cette voie par pure rébellion, Kidd semble avoir été poussé vers la piraterie par les circonstances et l’appât du gain, tout en conservant une certaine forme d’honneur personnel.

La transformation de corsaire respecté à pirate redouté
La bascule de William Kidd vers la piraterie commence par un événement déterminant : un voyage commercial en Angleterre durant lequel on lui propose un contrat de corsaire. Cette proposition, qui semblait initialement honorable, allait marquer le début de sa descente vers l’infamie. Le contrat stipulait clairement sa mission : attaquer les pirates et les navires français, ennemis de la couronne britannique à cette époque.
Le financement de cette expédition est révélateur des enjeux politiques de l’époque. Quatre cinquièmes des coûts furent couverts par des aristocrates parmi les plus puissants du royaume : le comte d’Orford, le baron de Romney, le duc de Shrewsbury et le baron Somers. Ces personnalités influentes voyaient en Kidd un instrument pour servir leurs intérêts commerciaux sous couvert de patriotisme. Le reste du financement provenait du colonel Robert Livingston, proche de Kidd, et de Kidd lui-même, qui vendit son navire l’Antigua pour investir dans cette aventure.
Pour cette mission officielle, Kidd reçoit un navire impressionnant : l’Adventure Galley, équipé de 40 canons et doté d’un équipage de 70 hommes. Ces ressources considérables témoignent de l’ampleur des attentes placées en lui. Pourtant, malgré ces atouts, l’expédition rencontre rapidement des difficultés financières et logistiques que Kidd n’avait pas anticipées.
Plusieurs facteurs contribuent à la dérive progressive de Kidd vers la piraterie. D’abord, la pression exercée par son équipage, qui s’impatiente face au manque de prises lucratives. Ensuite, les difficultés à distinguer clairement les navires ennemis des navires alliés dans les eaux internationales. Enfin, l’opportunisme de Kidd lui-même, qui voit dans la piraterie un moyen de rentabiliser son investissement.
- Obtention d’une lettre de marque (commission de corsaire) du roi William III
- Financement majoritaire par des nobles britanniques influents
- Acquisition de l’Adventure Galley, navire de 40 canons
- Difficultés financières durant l’expédition
- Pression croissante de l’équipage pour des prises plus lucratives
Le point de non-retour survient le 30 octobre 1697, lorsqu’une querelle éclate entre Kidd et un membre de son équipage nommé William Moore. Dans un accès de colère, Kidd frappe Moore avec un seau en fer, le tuant sur le coup. Cet acte de violence marque symboliquement sa rupture avec le code d’honneur des corsaires et son basculement définitif vers la piraterie. À partir de ce moment, Kidd commence à attaquer indistinctement les navires qu’il croise, qu’ils battent pavillon ennemi ou non.
Différences | Corsaire | Pirate |
---|---|---|
Légitimité | Opère avec l’autorisation d’un gouvernement (lettre de marque) | Opère en dehors de toute légalité |
Cibles | Navires de nations ennemies uniquement | Tout navire présentant un intérêt |
Statut en cas de capture | Prisonnier de guerre | Criminel passible de pendaison |
Partage du butin | Règles strictes incluant une part pour l’État | Partage selon les règles de l’équipage uniquement |
L’incident du Quedagh Merchant illustre parfaitement l’ambiguïté de la position de Kidd. Le 30 janvier 1698, il capture ce navire marchand en hissant frauduleusement le pavillon français pour l’approcher. Lorsqu’il découvre que le navire, bien que battant pavillon français, appartient en réalité à des marchands arméniens sous protection britannique, il tente de convaincre son équipage de le relâcher. Face au refus catégorique de ses hommes, Kidd cède, scellant définitivement son destin de pirate aux yeux de la couronne britannique.
Cette transformation progressive de William Kidd, de corsaire respecté à pirate redouté, représente parfaitement les zones grises qui existaient dans le monde maritime du XVIIe siècle. La frontière entre corsaire et pirate était souvent ténue, dépendant parfois davantage des intérêts politiques que des actions réelles des individus concernés. Cette ambiguïté morale est d’ailleurs un élément que l’on retrouve dans le personnage d’Eustass Kidd dans One Piece, dont les actions oscillent constamment entre héroïsme et cruauté.
La mutinerie et les premiers actes de piraterie
La descente de William Kidd vers la piraterie s’accélère avec les tensions croissantes au sein de son équipage. Confronté à des mois de navigation sans prises significatives, l’équipage de l’Adventure Galley commence à manifester son mécontentement. Les hommes, qui s’étaient engagés avec l’espoir de richesses rapides, voient leurs rêves s’éloigner à mesure que le temps passe. Cette situation explosive conduit à des remises en question de l’autorité de Kidd.
La première mutinerie larvée se manifeste lorsque Kidd refuse d’attaquer un navire hollandais, arguant que leur commission ne les autorise pas à s’en prendre aux alliés de l’Angleterre. Plusieurs marins contestent ouvertement cette décision, poussant Kidd à renforcer sa discipline. Cette tension permanente entre respect de la légalité et appât du gain finit par éroder la loyauté de l’équipage envers leur capitaine.
Le premier acte clairement identifié comme relevant de la piraterie survient lorsque Kidd décide d’attaquer un navire marchand portugais. Bien que le Portugal ne soit pas un ennemi de l’Angleterre, Kidd justifie cette action en prétendant que le navire naviguait sous faux pavillon. Cette rationalisation marque le début d’une série de compromis moraux qui le conduiront progressivement à s’affranchir totalement de sa commission de corsaire.
- Tensions croissantes avec l’équipage face au manque de prises
- Premières contestations de l’autorité de Kidd
- Attaque d’un navire portugais malgré l’absence d’hostilités entre l’Angleterre et le Portugal
- Rationalisations morales pour justifier des actes de piraterie
- Abandon progressif des restrictions imposées par la lettre de marque
La dérive vers la piraterie prend une tournure décisive lors de l’incident du Quedagh Merchant. Ce navire représentait une prise exceptionnelle : 500 tonneaux de marchandises précieuses, principalement des soieries, des épices et des métaux. En découvrant que le navire appartenait à des marchands arméniens sous protection britannique malgré son pavillon français, Kidd se trouve face à un dilemme moral. Sa décision de céder aux pressions de l’équipage et de conserver cette prise illégitime marque son entrée définitive dans le monde de la piraterie.
Cette évolution de William Kidd trouve un écho dans la construction du personnage d’Eustass Kidd dans One Piece. Eiichiro Oda a repris cette idée d’un homme progressivement poussé vers la violence et la transgression par les circonstances. Dans le manga, Eustass Kidd est également présenté comme un personnage dont la brutalité s’est développée en réaction à un environnement hostile, transformant un potentiel héros en antagoniste redoutable.
Navire capturé | Date | Circonstances | Conséquences |
---|---|---|---|
Navire marchand portugais | Fin 1697 | Premier acte clairement illégal | Début de la réputation de pirate |
Quedagh Merchant | 30 janvier 1698 | Navire arménien sous protection britannique | Point de non-retour dans la carrière de pirate |
Plusieurs petits navires marchands | Février-Mars 1698 | Attaques systématiques dans l’océan Indien | Renforcement de sa notoriété de pirate |
La rencontre avec Robert Culliford, pirate notoire, le 1er avril 1698 à Madagascar, constitue l’un des épisodes les plus révélateurs de cette période. Lorsque Kidd ordonne à ses hommes de capturer le navire de Culliford, le Mocha Frigate, la majorité de son équipage se mutine ouvertement et rejoint les rangs du pirate. Seuls treize hommes restent fidèles à Kidd, démontrant à quel point son autorité s’est érodée et à quel point sa position de corsaire était devenue intenable.
L’affaire du Quedagh Merchant et ses conséquences fatales
La capture du Quedagh Merchant le 30 janvier 1698 représente le point de bascule définitif dans la carrière de William Kidd. Ce navire imposant de 500 tonneaux, construit à Bombay, transportait une cargaison d’une valeur exceptionnelle, principalement composée de soieries, d’épices et de métaux précieux. L’interception de ce vaisseau s’est déroulée selon une stratégie trompeuse mais classique pour l’époque : Kidd a hissé le pavillon français pour s’approcher sans éveiller de soupçons.
La réaction du Quedagh Merchant révèle la complexité des relations maritimes de l’époque : en réponse au pavillon français arboré par Kidd, le navire marchand hisse également le drapeau français, espérant ainsi éviter l’affrontement en se faisant passer pour un compatriote. Cette ruse courante illustre les subterfuges auxquels recouraient les marins pour naviguer dans des eaux dangereuses où la nationalité d’un navire déterminait souvent son sort.
C’est seulement après avoir abordé le navire que Kidd découvre la vérité : bien que naviguant sous pavillon français, le Quedagh Merchant appartient en réalité à des marchands arméniens qui bénéficient de la protection du gouvernement britannique. Cette révélation place immédiatement Kidd dans une position extrêmement délicate, car s’attaquer à ce navire reviendrait à violer directement sa commission de corsaire qui l’autorise uniquement à cibler les ennemis de l’Angleterre.
- Capture d’un navire de 500 tonneaux extrêmement riche
- Utilisation du pavillon français comme stratagème d’approche
- Découverte tardive que le navire est sous protection britannique
- Tentative infructueuse de Kidd de convaincre son équipage de relâcher la prise
- Décision finale de conserver le navire, scellant son destin de pirate
Les témoignages historiques indiquent que Kidd tenta réellement de convaincre son équipage de relâcher le Quedagh Merchant, conscient des graves conséquences que pourrait entraîner cette capture illégale. Cependant, face à la mutinerie qui couvait et à l’appât d’une richesse considérable, l’équipage refusa catégoriquement d’abandonner cette prise exceptionnelle. Placé devant le choix de perdre son autorité ou de franchir définitivement la ligne de la piraterie, Kidd choisit la seconde option.
Caractéristiques | Quedagh Merchant | Adventure Galley (navire de Kidd) |
---|---|---|
Type de navire | Navire marchand | Galion armé |
Tonnage | 500 tonneaux | Environ 300 tonneaux |
Armement | Faiblement armé | 40 canons |
Équipage | Principalement des marchands | 70 hommes (avant les désertions) |
Lieu de construction | Bombay, Inde | Angleterre |
Cette décision eut des conséquences immédiates sur la réputation de Kidd. La nouvelle de la capture du Quedagh Merchant se répandit rapidement, atteignant Londres bien avant le retour de Kidd lui-même. Ses puissants commanditaires, se sentant menacés par l’association avec un acte de piraterie aussi flagrant, commencèrent à se distancer de lui. Le gouvernement britannique, sous la pression des marchands lésés et des intérêts diplomatiques avec les partenaires commerciaux orientaux, déclara Kidd hors-la-loi.
Le parallèle avec Eustass Kidd dans One Piece est particulièrement pertinent ici. Dans le manga d’Eiichiro Oda, le personnage inspiré de William Kidd est également caractérisé par un événement décisif qui scelle sa réputation de pirate brutal. Sa prime de 470 millions de berrys (puis 3 milliards après l’ellipse) reflète la gravité de ses actions, tout comme la condamnation sans appel de William Kidd par les autorités britanniques.
Après avoir capturé le Quedagh Merchant, Kidd le rebaptise l’Adventure Prize et décide de l’utiliser pour retourner vers sa patrie. Il est contraint d’abandonner l’Adventure Galley, son navire original, qui était devenu inutilisable en raison de problèmes structurels et d’attaques de tarets (mollusques qui détruisent le bois des navires). En avril 1698, Kidd brûle l’Adventure Galley au large de Madagascar et transfère tout son équipement et ses biens sur l’Adventure Prize.
L’épave du Quedagh Merchant est restée mystérieuse pendant des siècles, alimentant les légendes sur les trésors perdus de William Kidd. Ce n’est qu’en 2007 qu’une équipe d’archéologues marins dirigée par Charles Beeker de l’Université de l’Indiana a retrouvé ce qui semble être l’épave du navire dans des eaux peu profondes au large de la République dominicaine. Cette découverte extraordinaire a permis de mieux comprendre l’histoire de ce navire et les événements qui ont conduit à la chute de William Kidd.
La découverte de cette épave a également mis en lumière un aspect méconnu de l’histoire : après son arrestation, Kidd aurait confié l’Adventure Prize à son équipage, qui l’aurait conduit jusqu’aux Caraïbes avant de l’abandonner et de le brûler pour effacer les preuves. Cette théorie expliquerait pourquoi l’épave a été retrouvée si loin de la dernière position connue de Kidd.
Le procès controversé et l’exécution de William Kidd
Le retour de William Kidd en Amérique du Nord marque le début de sa fin. Croyant naïvement pouvoir négocier son pardon en invoquant sa commission de corsaire et en offrant des informations sur d’autres pirates, il arrive à New York en 1699. La réalité qui l’attend est tout autre : sa réputation l’a précédé et un mandat d’arrêt l’attend déjà. Il est immédiatement capturé et emprisonné à Stone Prison dans des conditions particulièrement difficiles.
Le transfert de Kidd vers Londres pour son procès révèle la dimension politique de son affaire. Transporté enchaîné à bord du navire Advice, il arrive en Angleterre en 1700 pour faire face à la justice britannique. L’importance accordée à son cas témoigne de l’enjeu qu’il représente : un exemple à faire pour dissuader la piraterie, mais aussi un moyen pour certains politiciens de se distancer d’une affaire embarrassante.
En attendant son procès, Kidd est incarcéré dans la tristement célèbre prison de Newgate, connue pour ses conditions inhumaines. Cette période d’emprisonnement préventif lui donne un avant-goût du traitement que les autorités britanniques lui réservent. Loin d’une simple détention, son séjour à Newgate s’apparente à une première punition, avant même que sa culpabilité ne soit établie.
- Retour à New York avec l’espoir d’obtenir un pardon
- Arrestation immédiate et emprisonnement à Stone Prison
- Transfert à Londres enchaîné à bord du navire Advice
- Incarcération dans les conditions terribles de la prison de Newgate
- Procès manifestement biaisé pour servir d’exemple
Le procès de Kidd, qui se tient en 1701, présente toutes les caractéristiques d’un procès politique où l’issue est décidée d’avance. Plusieurs éléments troublants entachent la procédure : Kidd se voit refuser l’accès à un avocat, contrairement à la pratique habituelle. Plus grave encore, on lui refuse l’accès aux documents qui auraient pu prouver son statut de corsaire légal, notamment sa commission royale et ses lettres de marque.
Éléments du procès | Pratique normale | Traitement de Kidd |
---|---|---|
Accès à un avocat | Généralement accordé | Refusé |
Accès aux documents de défense | Droit fondamental | Lettres de marque inaccessibles |
Témoins de la défense | Autorisés à témoigner | Difficultés à faire venir des témoins favorables |
Temps de préparation | Délai raisonnable | Procès précipité |
La stratégie de l’accusation repose largement sur les témoignages des anciens membres d’équipage de Kidd, qui obtiennent des remises de peine en échange de déclarations accablantes contre leur ancien capitaine. Cette pratique courante à l’époque soulève des questions sur la fiabilité de ces témoignages, motivés par l’instinct de survie plus que par la vérité historique.
Le 8 mai 1701, Kidd est reconnu coupable de piraterie et du meurtre de William Moore. La sentence tombe sans surprise : la peine de mort par pendaison. Ce qui est particulièrement cruel dans ce verdict, c’est que les lettres de marque qui auraient pu prouver la légitimité initiale de ses actions seront retrouvées trois siècles plus tard, en 2016, lors d’une vente aux enchères chez Christie’s, révélant l’injustice fondamentale de sa condamnation.
L’exécution de William Kidd le 23 mai 1701 à Execution Dock, à Wapping sur les rives de la Tamise, se transforme en spectacle public attirant une foule considérable. Un détail macabre ajoute à la légende : lors de la première tentative de pendaison, la corde se rompt, forçant les bourreaux à recommencer. Cette “deuxième chance” temporaire est interprétée par certains comme un signe divin, ajoutant une dimension mystique à l’exécution.
Après sa mort, le corps de Kidd subit un traitement réservé aux pirates les plus notoires : enduit de goudron, encerclé d’anneaux en fer et suspendu au-dessus de la Tamise à marée basse. Ce cadavre exposé devait être submergé trois fois par la marée montante avant d’être retiré, servant d’avertissement lugubre pour quiconque envisagerait de suivre la voie de la piraterie. Cette pratique barbare illustre l’importance symbolique accordée à la punition des pirates dans l’Angleterre du XVIIIe siècle.
Le mystère du trésor perdu de William Kidd
La légende du trésor de William Kidd constitue l’un des mystères maritimes les plus persistants de l’histoire. Contrairement à d’autres mythes de pirates qui se sont éteints avec le temps, celui-ci n’a cessé de s’amplifier au fil des siècles. Ce qui rend cette quête particulièrement fascinante, c’est qu’elle repose sur une base historique crédible : Kidd a effectivement amassé une fortune considérable durant sa courte carrière de pirate, notamment lors de la capture du Quedagh Merchant.
Les historiens estiment que la valeur totale des prises de Kidd pourrait avoir dépassé l’équivalent de plusieurs millions de dollars actuels. Une partie de ce butin a bien été récupérée par les autorités britanniques lors de son arrestation, mais les témoignages de l’époque suggèrent qu’une portion significative était manquante. Cette disparition a naturellement alimenté les théories selon lesquelles Kidd aurait dissimulé une partie de sa fortune avant sa capture.
Dans les semaines précédant son arrestation, Kidd a effectivement disposé de suffisamment de temps pour cacher des richesses. Après avoir appris qu’il était recherché, il a navigué le long de la côte est américaine, faisant escale dans plusieurs îles isolées qui auraient pu servir de cachettes idéales. Ces déplacements, documentés historiquement, constituent la base