L’univers cinématographique de Conjuring a captivé des millions de spectateurs à travers le monde avec ses histoires terrifiantes de possessions démoniaques et de maisons hantées. Mais ce qui rend cette franchise particulièrement glaçante, c’est qu’elle repose sur les enquêtes réelles d’Ed et Lorraine Warren, célèbres investigateurs du paranormal actifs depuis les années 1950. Leurs dossiers, comptant plus de 4000 cas inexpliqués, ont fourni la matière première à certains des films d’horreur les plus marquants de ces dernières décennies. De la terrifiante poupée Annabelle à la maison hantée d’Amityville, la frontière entre réalité et fiction dans ces récits reste troublante, alimentant les débats entre sceptiques et croyants. Plongée dans les coulisses des véritables affaires qui ont inspiré l’une des franchises d’horreur les plus lucratives du cinéma moderne.
Table des matières
- 1 Les Warren : parcours des plus célèbres chasseurs de fantômes américains
- 2 L’affaire Perron : la véritable histoire derrière le premier Conjuring
- 3 Annabelle : la véritable poupée possédée et son histoire
- 4 L’affaire Enfield : l’enquête britannique des Warren
- 5 Le procès d’Arne Cheyenne Johnson : première défense de possession démoniaque
Les Warren : parcours des plus célèbres chasseurs de fantômes américains
Ed et Lorraine Warren ne sont pas de simples personnages inventés pour les besoins du cinéma. Ce couple américain a consacré plus de cinquante ans de sa vie à l’étude des phénomènes paranormaux, devenant des références incontournables dans ce domaine controversé. Edward Warren Miney, né en 1926, s’est auto-proclamé démonologue après avoir vécu des expériences troublantes dans une maison hantée durant son enfance. Sa fascination pour l’inexplicable l’a conduit à étudier les démons et les possessions, bien qu’il n’ait jamais reçu de formation académique officielle en théologie.
Son épouse, Lorraine Rita Warren (née Moran), née en 1927, se présentait comme médium et clairvoyante. Elle affirmait posséder la capacité de percevoir les énergies spirituelles et de communiquer avec les entités de l’au-delà. Cette complémentarité dans leurs approches – Ed s’occupant de l’aspect physique des manifestations et Lorraine de leur dimension spirituelle – a fait leur force en tant qu’équipe d’investigateurs paranormaux.
En 1952, ils fondent la New England Society for Psychic Research, l’une des premières organisations américaines dédiées à l’étude des phénomènes inexpliqués. Cette structure leur a permis de donner un cadre officiel à leurs enquêtes et de collecter méthodiquement des preuves sur des centaines de cas présumés de hantises et de possessions. Leur notoriété s’est construite progressivement, au fil des affaires médiatisées auxquelles ils ont participé.
- Plus de 4000 cas investigués en 50 ans de carrière
- Création du Occult Museum à Monroe, Connecticut
- Publication de nombreux livres documentant leurs enquêtes
- Organisation de conférences dans des universités américaines
- Consultants pour plusieurs films d’horreur avant même Conjuring
Leur méthode d’investigation combinait approche scientifique et religieuse. Équipés d’appareils pour mesurer les variations de température, enregistrer les bruits inexpliqués ou photographier d’éventuelles manifestations, ils documentaient scrupuleusement chaque indice. Parallèlement, ils faisaient appel à des prêtres catholiques pour les rituels d’exorcisme lorsqu’ils estimaient être en présence d’entités démoniaques. Cette double approche leur a valu tant des admirateurs que des détracteurs.
Le musée occulte des Warren, situé dans le sous-sol de leur maison du Connecticut, constituait leur plus grande fierté. Y étaient exposés tous les objets “hantés” ou “maudits” récupérés au cours de leurs enquêtes, dont la fameuse poupée Annabelle, enfermée dans une vitrine scellée et bénie. Ces artefacts, selon le couple, restaient dangereux même une fois isolés, ce qui justifiait les précautions prises pour les neutraliser spirituellement.
Membre du couple | Spécialité | Rôle dans les enquêtes | Période d’activité |
---|---|---|---|
Ed Warren | Démonologie | Analyse des manifestations physiques, documentation | 1952-2006 (décès) |
Lorraine Warren | Médiumnité | Communication avec les entités, perception spirituelle | 1952-2019 (décès) |
Après le décès d’Ed en 2006, Lorraine a continué à participer à des enquêtes et à promouvoir leur travail, notamment comme consultante pour les films Conjuring. Elle est devenue une figure paternelle pour l’équipe du film, particulièrement pour Vera Farmiga qui l’incarnait à l’écran. Lorraine s’est éteinte en 2019 à l’âge de 92 ans, laissant derrière elle un héritage controversé mais indéniablement marquant dans l’étude des phénomènes paranormaux.
L’affaire Perron : la véritable histoire derrière le premier Conjuring
Le premier volet de la franchise Conjuring, sorti en 2013, s’inspire directement d’une affaire réelle survenue au début des années 1970. En janvier 1971, la famille Perron – Roger, Carolyn et leurs cinq filles (Andrea, Nancy, Christine, Cindy et April) – emménage dans une ferme isolée à Harrisville, Rhode Island. Cette propriété datant du XVIIIe siècle, connue sous le nom de “Old Arnold Estate”, allait devenir le théâtre d’événements inexpliqués qui ont marqué durablement cette famille.
Contrairement à de nombreux films d’horreur qui exagèrent considérablement les faits, les témoignages des membres de la famille Perron suggèrent que les phénomènes décrits dans Conjuring étaient assez proches de leur expérience vécue. Andrea Perron, l’aînée des filles, a même publié une trilogie de livres intitulée “House of Darkness, House of Light” détaillant leur calvaire de près d’une décennie dans cette demeure.
Dès les premiers jours suivant leur emménagement, des événements étranges se sont manifestés : odeurs inexplicables de chair putréfiée envahissant certaines pièces, meubles déplacés pendant la nuit, horloges s’arrêtant systématiquement à 3h07 du matin. Les filles Perron rapportent avoir été témoins d’apparitions, notamment celle d’une femme aux vêtements anciens qui semblait particulièrement hostile envers Carolyn, la mère de famille.
Phénomène rapporté | Témoin principal | Représentation dans le film | Différence avec la réalité |
---|---|---|---|
Apparition d’une femme en tenue ancienne | Toutes les filles Perron | Bathsheba Sherman | Identité historique contestée |
Odeurs nauséabondes | Roger et Carolyn | Présence démoniaque | Plus fréquent dans la réalité |
Lits secouées la nuit | Les cinq filles | Scène d’attaque nocturne | Phénomène plus graduel |
Exorcisme de Carolyn | Famille et Warren | Point culminant du film | N’aurait jamais eu lieu selon Andrea Perron |
Les recherches effectuées par les Warren et la famille dans les archives locales ont révélé que la propriété avait connu de nombreux décès tragiques. Huit générations s’y étaient succédé, marquées par des suicides, noyades, meurtres et autres morts mystérieuses. Le personnage central du film, Bathsheba Sherman, aurait réellement existé. Selon la légende locale, cette femme aurait sacrifié son enfant au démon avant de se pendre à un arbre sur la propriété en 1863, après avoir maudit quiconque tenterait de s’approprier ses terres.
- La famille Perron a vécu dans la maison pendant près de 10 ans (1971-1980)
- Ils n’ont jamais quitté précipitamment la propriété comme suggéré dans le film
- Les manifestations se sont poursuivies pendant toute leur occupation
- La maison existe toujours et serait, selon ses actuels propriétaires, encore hantée
- Andrea Perron a assisté à l’avant-première du film et l’a décrit comme “assez fidèle”
Un point de divergence majeur entre le film et la réalité concerne l’exorcisme dramatique de Carolyn Perron. Selon Andrea, sa mère n’a jamais été possédée et aucun exorcisme n’a été pratiqué. Les Warren ont bien tenté une séance spirituelle pour communiquer avec les esprits, mais celle-ci aurait mal tourné, provoquant une réaction violente de Carolyn qui se serait mise à parler d’une voix étrange et à léviter légèrement au-dessus de sa chaise. Roger Perron, sceptique face aux méthodes des Warren, aurait alors mis fin à la séance et demandé au couple de quitter la propriété.
Fait intéressant, la famille n’a pas quitté la maison après ces événements traumatisants. Pour des raisons financières, ils ont continué à y vivre jusqu’en 1980, apprenant à cohabiter avec les présences qu’ils percevaient. Cette résilience face à l’inexplicable constitue peut-être l’aspect le plus terrifiant de cette histoire : l’adaptation à une réalité paranormale quotidienne, bien loin des conclusions spectaculaires habituellement proposées par Hollywood.
Annabelle : la véritable poupée possédée et son histoire
Parmi tous les objets “maudits” de la collection des Warren, la poupée Annabelle est sans doute devenue la plus emblématique grâce à son apparition dans l’univers cinématographique Conjuring. Contrairement à l’inquiétante poupée de porcelaine aux traits démoniaques présentée dans les films, la véritable Annabelle est une banale poupée Raggedy Ann, ces poupées en tissu aux cheveux rouges populaires aux États-Unis. Son apparence inoffensive rend son histoire d’autant plus troublante pour ceux qui croient aux phénomènes paranormaux.
L’histoire d’Annabelle débute en 1970, lorsqu’une mère offre cette poupée à sa fille Donna, une étudiante en soins infirmiers, pour son anniversaire. Rapidement, Donna et sa colocataire Angie remarquent des comportements étranges : la poupée semble changer de position ou de pièce sans intervention humaine. Parfois, elles la retrouvent dans une position assise alors qu’elles l’avaient laissée allongée, ou découvrent qu’elle a “migré” d’une chambre à l’autre en leur absence.
Les événements prennent une tournure plus inquiétante lorsque les jeunes femmes commencent à trouver des messages griffonnés sur des bouts de papier, avec des inscriptions comme “Au secours” ou “Help us”. Plus troublant encore, des gouttes de ce qui semblait être du sang apparaissaient occasionnellement sur la poupée, alors qu’aucune source de ce liquide n’était identifiable dans l’appartement.
Caractéristique | Annabelle réelle | Annabelle dans les films |
---|---|---|
Apparence | Poupée Raggedy Ann en tissu | Poupée de porcelaine au visage effrayant |
Lieu de conservation actuel | Musée occulte des Warren (Connecticut) | Identique au réel |
Type d’activité paranormale | Déplacements, messages écrits, saignements | Attaques physiques, possession |
Origine de la possession | Esprit d’une fillette nommée “Annabelle Higgins” | Démon se faisant passer pour une fillette |
Inquiètes, Donna et Angie font appel à un médium qui organise une séance de spiritisme. Selon les Warren, ce médium leur aurait affirmé que la poupée était habitée par l’esprit d’une fillette de sept ans prénommée Annabelle Higgins, décédée sur le terrain où leur immeuble avait été construit. L’esprit, attaché à la poupée, cherchait simplement à être aimé et accepté. Par compassion, les étudiantes auraient alors donné “permission” à l’esprit de rester avec elles et d’habiter la poupée.
- La poupée aurait agressé physiquement un ami des étudiantes nommé Lou
- Les griffures mystérieuses sur la poitrine de Lou auraient guéri anormalement vite
- Les Warren ont conclu qu’aucun esprit d’enfant n’habitait la poupée
- Selon eux, une entité démoniaque se faisait passer pour une fillette
- La poupée a été bénie par un prêtre avant d’être placée dans le musée
C’est à ce moment que la situation aurait empiré. Un ami des filles, Lou, aurait été agressé par la poupée à plusieurs reprises. Une nuit, alors qu’il dormait dans l’appartement, il aurait senti une présence monter sur le lit et aurait découvert avec horreur la poupée Annabelle sur sa poitrine, tentant de l’étrangler. Une autre fois, alors seul dans l’appartement, il aurait entendu des bruits dans la chambre de Donna, et en y entrant, aurait trouvé la pièce vide mais aurait ressenti une présence menaçante. En sortant, il aurait été attaqué, découvrant des griffures sur sa poitrine qui, selon son témoignage, auraient guéri anormalement vite.
C’est à ce stade que les Warren sont intervenus. Après avoir examiné le cas, ils ont conclu qu’aucun esprit d’enfant n’habitait la poupée, mais qu’une entité démoniaque manipulatrice se faisait passer pour l’âme innocente d’une fillette. Le médium consulté initialement aurait involontairement ouvert une porte à cette entité en organisant la séance de spiritisme. Selon Ed Warren, “les démons ne possèdent pas les objets, ils possèdent les personnes. Ils se servent des objets comme d’un véhicule pour atteindre leurs cibles humaines”.
Les Warren ont pris possession de la poupée après avoir effectué un rituel de purification. Durant le trajet retour vers leur domicile, ils auraient connu plusieurs incidents inquiétants : pannes de freins inexpliquées, direction qui se bloquait… Ed Warren aurait alors aspergé la poupée d’eau bénite pour calmer les manifestations. Aujourd’hui encore, la véritable poupée Annabelle reste enfermée dans une vitrine scellée au musée occulte des Warren, avec un avertissement explicite demandant de ne pas ouvrir la vitrine et surtout de ne pas toucher la poupée. Même après la mort des époux Warren, les visiteurs du musée continuent de rapporter que la poupée changerait occasionnellement de position derrière sa vitre…
Les incidents liés à la poupée après sa mise en quarantaine
Même après avoir été placée dans sa vitrine sécurisée au musée occulte des Warren, la poupée Annabelle aurait continué à être la source d’étranges phénomènes. Selon les témoignages recueillis par les Warren et leur personnel, plusieurs visiteurs ayant défié les avertissements ou s’étant moqués de la poupée auraient connu des sorts funestes. L’un des incidents les plus fréquemment cités concerne un jeune homme qui, après avoir tapé sur la vitrine en défiant la poupée de “faire quelque chose”, aurait eu un grave accident de moto sur le chemin du retour. Sa petite amie qui l’accompagnait serait décédée sur le coup.
Les gardiens du musée rapportent également que la poupée semblerait changer subtilément de position malgré la vitrine scellée. Certains visiteurs affirment l’avoir vue cligner des yeux ou tourner légèrement la tête. Ces témoignages, bien que difficiles à vérifier, contribuent à entretenir la légende d’Annabelle et à faire du musée des Warren une destination prisée des amateurs de paranormal.
Lorraine Warren, jusqu’à son décès en 2019, maintenait que la poupée était l’un des objets les plus dangereux de leur collection. Elle affirmait que le père Cooke, un prêtre exorciste collaborant avec le couple, venait bénir régulièrement la vitrine contenant Annabelle. “Ce n’est pas la poupée qui est possédée”, expliquait-elle souvent, “c’est une entité démoniaque qui est attachée à la poupée et qui s’en sert comme conduit”.
L’affaire Enfield : l’enquête britannique des Warren
Le deuxième volet de la franchise Conjuring, intitulé “Conjuring 2 : Le Cas Enfield” (2016), transpose les Warren en Angleterre pour enquêter sur ce qui est considéré comme l’un des cas de poltergeist les plus documentés de l’histoire britannique. Le “poltergeist d’Enfield” fait référence à des événements survenus entre 1977 et 1979 dans une maison modeste du quartier d’Enfield, au nord de Londres, où vivait la famille Hodgson.
Peggy Hodgson, mère célibataire, élevait seule ses quatre enfants (Margaret, Janet, Johnny et Billy) lorsque des phénomènes inexpliqués ont commencé à perturber leur quotidien. Tout a débuté par des bruits de coups frappés dans les murs et des meubles qui se déplaçaient sans intervention humaine. Ces manifestations se sont rapidement intensifiées : jouets projetés à travers les pièces, oreillers arrachés des lits pendant que les enfants dormaient, et même un canapé observé en train de “glisser” sur plusieurs mètres par des policiers appelés sur les lieux.
Les phénomènes semblaient se concentrer particulièrement autour de Janet, alors âgée de 11 ans. La fillette aurait été observée en train de léviter au-dessus de son lit par plusieurs témoins indépendants. Plus troublant encore, elle se mettait parfois à parler d’une voix grave et rauque, totalement différente de sa voix habituelle, prétendant être l’esprit d’un ancien résident de la maison, un certain Bill Wilkins.
Aspect du cas | Réalité documentée | Représentation dans Conjuring 2 |
---|---|---|
Implication des Warren | Visite brève, rôle secondaire | Enquêteurs principaux, rôle central |
Durée des phénomènes | Environ 2 ans (1977-1979) | Quelques semaines seulement |
Nature de l’entité | Possiblement l’esprit de Bill Wilkins | Démon Valak déguisé |
Lévitation de Janet | Rapportée par témoins mais non photographiée | Scènes spectaculaires de lévitation |
L’affaire attira rapidement l’attention des médias britanniques. La Society for Psychical Research (SPR) dépêcha deux de ses membres les plus respectés, Maurice Grosse et Guy Lyon Playfair, pour étudier le cas. Pendant plus d’un an, ces chercheurs installèrent des équipements d’enregistrement dans la maison et documentèrent plus de 1500 incidents inexpliqués. Des journalistes du Daily Mirror réussirent même à capturer sur pellicule une chaise qui semblait se déplacer toute seule.
- Plus de 30 témoins indépendants ont rapporté des phénomènes inexpliqués
- La police de Londres a officiellement documenté des événements paranormaux
- Des enregistrements audio de la “voix de Bill” existent toujours
- Les phénomènes ont persisté malgré la présence d’observateurs sceptiques
- Janet Hodgson a maintenu la véracité des événements jusqu’à aujourd’hui
Contrairement à ce que suggère le film, les Warren n’ont joué qu’un rôle mineur dans cette affaire. Ils ont bien visité la maison d’Enfield, mais leur implication s’est limitée à une brève visite, et ils n’étaient pas les enquêteurs principaux. C’est l’une des plus grandes libertés prises par le film par rapport à la vérité historique. En réalité, c’est Maurice Grosse qui a passé le plus de temps avec la famille Hodgson et a constitué la documentation la plus complète du cas.
Une autre différence majeure concerne la nature de l’entité responsable des phénomènes. Dans le film, il s’agit du démon Valak qui se fait passer pour Bill Wilkins. Dans les témoignages réels, aucune présence démoniaque n’a été évoquée par les enquêteurs principaux. La “voix de Bill” prétendait simplement être l’esprit d’un homme décédé dans la maison, information qui a pu être vérifiée dans les registres locaux – un certain Bill Wilkins était effectivement mort d’une hémorragie cérébrale dans cette maison plusieurs années auparavant.
Le cas d’Enfield reste controversé. Des sceptiques, dont le célèbre illusionniste James Randi, ont suggéré que Janet et Margaret avaient orchestré une supercherie. Des photographies montrant Janet apparemment en train de sauter sur son lit plutôt que de léviter ont alimenté ces doutes. Cependant, la multiplicité des témoins, incluant des professionnels comme des policiers et des journalistes, rend difficile l’explication de tous les phénomènes par une simple fraude d’enfants.
Janet Hodgson, devenue adulte, a maintenu la véracité de son expérience tout en admettant avoir “simulé” certains phénomènes quand les enquêteurs semblaient trop insistants ou que rien ne se produisait. “J’ai peut-être fait voler un jouet ou deux quand rien ne se passait”, a-t-elle déclaré, “mais cela ne représente qu’environ 2% de ce qui s’est réellement produit”. Cette admission partielle reflète la complexité du cas, qui reste l’un des dossiers paranormaux les plus débattus au Royaume-Uni.
Le procès d’Arne Cheyenne Johnson : première défense de possession démoniaque
Le troisième volet de la franchise Conjuring, “Conjuring 3 : Sous l’emprise du Diable” (2021), s’éloigne du cadre traditionnel des maisons hantées pour explorer un territoire encore plus troublant : l’utilisation de la possession démoniaque comme défense juridique dans un procès pour meurtre. Cette affaire, connue sous le nom de “Devil Made Me Do It Case” (Le Diable m’a forcé à le faire), constitue un précédent unique dans l’histoire judiciaire américaine.
Les faits se sont déroulés en 1981 à Brookfield, Connecticut. Arne Cheyenne Johnson, un jeune homme de 19 ans sans antécédents violents, a poignardé à mort son propriétaire, Alan Bono, lors d’une dispute. Ce qui distingue ce crime d’un homicide ordinaire, c’est la défense extraordinaire présentée par son avocat : Johnson aurait agi sous l’influence d’une possession démoniaque, la même entité qui aurait précédemment tourmenté David Glatzel, le jeune beau-frère de 11 ans d’Arne.
Quelques mois avant le meurtre, la famille Glatzel avait fait appel aux Warren pour aider David, qui souffrait de terribles visions et manifestait des comportements inquiétants : il parlait d’un “homme à la tête de bête” qui le menaçait, présentait des marques inexpliquées sur son corps et entrait dans des états de transe pendant lesquels il récitait des passages de la Bible en latin, langue qu’il n’avait jamais apprise.
Élément du cas | Faits documentés | Traitement dans Conjuring 3 |
---|---|---|
Exorcismes de David Glatzel | Trois séances principales, présence des Warren | Représentation fidèle mais dramatisée |
Défi d’Arne au démon | A réellement défié l’entité de “le prendre à la place” | Moment clé du film, relativement fidèle |
Meurtre d’Alan Bono | Cinq coups de couteau lors d’une dispute | Scène de violence plus spectaculaire |
Issue du procès | Défense rejetée, condamné pour homicide involontaire | Représentation exacte |
Selon les témoignages des Warren et de la famille, plusieurs exorcismes ont été pratiqués sur David Glatzel, en présence d’ecclésiastiques catholiques. Lors de l’une de ces séances, Arne Johnson, bouleversé de voir souffrir le jeune garçon, aurait provoqué l’entité démoniaque en la défiant : “Laisse-le tranquille ! Prends-moi à sa place !”. Les Warren affirment avoir immédiatement mis en garde Johnson contre ce geste imprudent, l’avertissant qu’il venait d’ouvrir une porte spirituelle dangereuse.
Dans les semaines qui ont suivi, l’entourage de Johnson a remarqué des changements dans son comportement. Il entrait dans des états de transe similaires à ceux de David, voyait des apparitions menaçantes et parlait parfois d’une voix différente. Le jour du meurtre, il était en compagnie de sa fiancée Debbie, de sa sœur Wanda et d’Alan Bono. Après avoir consommé de l’alcool, une dispute a éclaté entre Bono et Johnson. Selon les témoins, Arne